En faisant le choix de revisiter l’approvisionnement de la restauration collective dans leur territoire, les maires et élus locaux peuvent avoir un grand impact sur l’environnement, à la fois à l’échelle locale et globale, mais aussi sur la santé de leurs administrés ainsi que sur le dynamisme économique de leur territoire. La relocalisation de la production alimentaire servant la restauration, mais aussi l’augmentation de la part de produits issus de l’agriculture biologique ainsi que la réduction de la consommation de produits d’origine animale sont des leviers d’impact via lesquels les maires et élus locaux peuvent agir pour contribuer à la transition écologique.

L’outil Parcel

Développé par Terre de Liens, la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) et le BASIC, l’outil Parcel permet « d’évaluer pour un territoire donné les surfaces agricoles nécessaires pour se nourrir localement, ainsi que les emplois agricoles et les impacts écologiques associés à d’éventuels changements de mode de production agricole et/ou de régimes alimentaires. » Avec le Parcours 1 de l’outil Parcel, les acteurs locaux peuvent simuler un scénario, en définissant la ville et le nombre de classes par niveaux : ils obtiennent ainsi des ordres de grandeur pour estimer les impacts positifs locaux de la transition vers une alimentation locale plus respectueuse de l’environnement.

Simulation

Dans le cadre de cet article, on effectue une simulation pour la ville de Vierzon. Cette commune de 25 903 habitants du Cher compte 2152 élèves de primaire ; on estime donc à 1076 le nombre de couverts servis chaque jour par les cantines scolaires de la ville. Dans ce scénario, on relocalise 80% de l’approvisionnement pour ces cantines, dont 20% de produits bio, et on réduit de 25% les quantités de produits animaux.

L’environnement et la santé

Utiliser l’outil Parcel permet de comprendre l’impact écologique que peut avoir le changement d’approvisionnement des cantines sur leur territoire.

  1. Impact sur le climat : le passage au Bio ainsi que la réduction de la consommation de produits d’origine animale permettent une réduction des émissions de gaz à effet de serre (CO2). Cela permet de contribuer à la réduction de la pollution mondiale, mais cela donne aussi la chance aux habitants de bénéficier d’une meilleure qualité de l’air.

🡪À Vierzon, on réduit de 32% les émissions de CO2 par personne !


  1. Impact sur la biodiversité : les pratiques de l’agriculture Bio, plus respectueuses de l’environnement, permettent de limiter la destruction des espèces, notamment les insectes.

🡪À Vierzon, ce sont 7% d’espèces détruites en moins !


  1. Impact sur le sol : en réduisant la consommation de produits d’origine animale, qui mobilisent de très grands espaces, on réduit l’empreinte spatiale de notre alimentation.

🡪Ainsi, à Vierzon, l’empreinte au sol par personne est réduite de 26%.


  1. Qualité de l’eau : l’agriculture Bio et la non-utilisation de pesticides, ainsi que la réduction du nombre d’hectares utilisés pour l’élevage, permettent de réduire la pollution des eaux locales.

🡪À Vierzon, on estime que la pollution de l’eau serait réduite de 8% par hectare, soit 32% par habitant !

L’économie locale

L’outil Parcel permet d’avoir un ordre d’idée de l’impact économique d’une relocalisation et d’un tournant biologique et durable dans l’approvisionnement des cantines scolaires.

  1. Surfaces nécessaires : relocaliser l’approvisionnement des cantines permet de valoriser des terrains et surfaces agricoles locales, en les plaçant au cœur d’un enjeu fort, celui de mieux nourrir les enfants du village, de façon plus respectueuse de l’environnement.

🡪 À Vierzon, ce sont 47 hectares qui sont nécessaires pour servir les élèves de primaire, pour une commune qui ne compte pas moins de 1012 hectares agricoles. On remarque alors que 71% de cette surface sera utilisée pour l’élevage (viande, œufs, produits laitiers) ; en réduisant la consommation non-nécessaire de produits d’origine animale, on libère ainsi une large part de ces surfaces agricoles pouvant alors être utilisés pour d’autres types de production.


  1. Création d’emplois : les activités de maraîchage, d’arboriculture, en cultures céréalières et en élevage sont dépendantes sur des salariés, à des échelles différentes. Par exemple, un emploi en maraîchage est nécessaire pour chaque 2,8 hectares de parcelle, tandis qu’un salarié en culture céréalière peut gérer à lui seul 85 hectares.

🡪 À Vierzon, l’outil Parcel estime qu’au moins 1 emploi direct serait créé grâce au passage au Bio.

Mise en contexte : les Projets Alimentaires Territoriaux

Depuis 2014, les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) ont « pour objectif de relocaliser l'agriculture et l'alimentation dans les territoires en soutenant l'installation d'agriculteurs, les circuits courts ou les produits locaux dans les cantines. » Constituant un outil clé pour la résilience alimentaire des territoires et la reterritorialisation de l’alimentation, le modèle des PAT est un bon exemple pour visualiser la transition vers un nouveau modèle alimentaire : local, durable et accessible à tous. Par exemple, depuis 2011, Nantes Métropole propose un programme de remise en culture des terres en friche et de soutien aux installations agricoles sur le territoire : 450 hectares ont été défrichés, et 30 exploitations ont reçu le soutien financier de la ville. En Auvergne, la Direction Régionale de l’Alimentation met en avant les grandes opportunités de création d'emplois agricoles, de gestion mais aussi de vente, et ainsi de redynamisation de la région.

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