Les habitudes alimentaires ont depuis toujours accompagné l’évolution de l’Homme. Le passage du cru au cuit avec la domestication du feu, l’agriculture avec l’essor des civilisations, et la consommation d’aliments en conserve avec la révolution industrielle. Cependant, depuis les années 80, une nouvelle habitude alimentaire voit le jour : la consommation d'aliments ultra-transformés (AUT). En effet, avec un rythme de vie de plus en plus intense, les aliments prêts à l’emploi sont venus peu à peu se substituer aux aliments de base. On les retrouve partout : petits-déjeuners, produits frais, goûtés, et même aux rayons diététiques. Bien que ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur avec l’industrialisation massive et la financiarisation de l’alimentation, la notion d’AUT a récemment vu le jour en 2009 grâce à une équipe de chercheurs de l’université de São Paulo au Brésil. C’est seulement en 2017, qu’Anthony Fardet, docteur et chercheur à l’INRAE en nutrition préventive, nous introduit aux AUT en France.

Pas sans risques pour notre santé…

Il est intéressant ici de comprendre le potentiel santé d’un aliment. Jusqu’à maintenant, on a l’habitude de définir ce dernier par sa seule composition nutritionnelle, soit une somme de lipides, protides, fibres, minéraux, oligo-éléments et vitamines. Or aujourd’hui, la science montre que cette approche est réductionniste. En effet, selon Anthony Fardet, le potentiel santé d’un aliment se définit non seulement par sa qualité nutritionnelle, mais aussi par sa matrice. Et pour cause, en modifiant la structure physique des aliments, la manière dont les nutriments sont encapsulés et agissent ensemble dans l’organisme est variable. En d’autres mots, plus un aliment est transformé, plus la synergie des nutriments est touchée et s’appauvrit. Ainsi, le potentiel santé de l’aliment est altéré, voire s’annule complètement. Cela explique pourquoi un fruit consommé entier est plus bénéfique pour la santé qu’en compote ou en jus.

Ainsi, la production d’AUT implique la consommation grandissante d’aliments artificiels riches en sucres rapides, en sel, en matières grasses, quasiment addictifs, très peu rassasiants et facilement digestibles du fait de leur texture déstructurée. Ils sont souvent riches en calories « vides » (densité nutritionnelle inférieure et densité énergétique supérieure). Tout cela n’est pas sans risques pour notre santé. Plus la matrice et la densité nutritionnelle sont dégradées, plus les dérégulations métaboliques sont susceptibles d’apparaître. Plusieurs études suggèrent d’ailleurs une corrélation positive entre la consommation régulière d’AUT et l’augmentation de certaines maladies chroniques (obésité, hypertension, diabète de type 2, dépression et certains cancers). Sans compter qu’on ne sait pas encore les effets à long terme des myriades d’additifs utilisés. En effet, il ne faut pas oublier qu’il existe 320 additifs au sein de l’Union européenne et que ces substances ne sont pas habituellement consommées comme aliment ou utilisées comme ingrédient dans l’alimentation. Bien que leur utilisation soit réglementée au niveau national et européen, on observe déjà leurs effets nocifs sur le microbiote intestinal, mais aussi de manière générale.

Comment limiter sa consommation d’aliments ultra-transformés ?

Plusieurs moyens existent afin de limiter sa consommation d’AUT. Il est important pour cela de décrypter les étiquettes des produits. Vous devez comprendre un maximum de termes sur celles-ci. La liste doit se rapprocher le plus possible de la recette originale et être la plus courte possible. Au-delà de 5 ingrédients, il s’agit généralement d’un AUT. Les additifs sont quant à eux reconnaissable soit par leur mention commençant par un E suivi de 3 ou 4 chiffres, soit par leur nom chimique. Attention, il compte aussi comme un ingrédient. Évitez les produits avec des emballages très colorés et privilégiez les aliments bruts à transformer soi-même. Rien qu’en limitant l’achat d’aliments préparés pour cuisiner soi-même réduira considérablement votre consommation d’AUT.

La classification NOVA peut aussi vous être d’une grande aide. En effet, il existe différents systèmes de classification pour déterminer le degré de transformation des produits, mais la classification NOVA est de loin la plus utilisée. Elle structure 4 groupes : aliments bruts ou peu transformés, ingrédients culinaires, aliments transformés et AUT.

Cependant, bien qu’elle soit un allié de taille, elle n’est pas encore utilisée sur les packagings des produits. Toutefois, certaines applications mobiles comme Open Food Facts, Scan’Up ou Siga peuvent vous indiquer cette information en scannant le produit.

Quant au Nutri-score, bien qu’il soit intéressant d’un point de vue purement nutritionnel, il reste réducteur. En effet, n’oubliez pas que le potentiel santé d’un aliment prend en compte sa qualité nutritionnelle, mais aussi sa matrice. Or, ce n’est pas le cas pour le nutri-score. Ainsi, plus de 50% des aliments bien notés du Nutri-score sont des AUT. À titre d’exemple, le Coca Cola zéro est noté B, car il ne contient pas de matières grasses ni de sucres. Mais ceci est compensé par l’ajout d’additifs à risque qui classe cette boisson dans le groupe 4 de NOVA, ce qui fait de lui un AUT.

En conclusion, si consommer un ou deux aliments ultra-transformés par jour ne pose pas de problème, en faire la base de notre alimentation est nocif à long terme. Apparus massivement dans les années 80, leur formule n’est que réellement gagnante pour les industries agroalimentaires. Ce fardeau est aujourd’hui un réel problème de santé publique. Et pour cause, de nombreuses maladies chroniques en seraient liées, ce qui laisse place à une méfiance grandissante de la part de la population française. L’apprentissage des aliments ultra-transformés devient donc primordial dès le plus jeune âge afin de les limiter au plus tôt.

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